
GEORGES GÉO-FOURRIER "L'ARPENTEUR DE LA BRETAGNE"
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Je souhaitais ici parler d'un véritable coup de cœur pour l'artiste Géo-Fourrier.
J'avais fait quelques allusions à son travail précédemment sur Instagram car les couleurs de ses œuvres sont des coloramas très inspirants.
J’espère que son travail vous émerveillera comme moi.
C'est une première petite gravure sur bois gouachée au pochoir qui m'a littéralement subjuguée il y a quelques temps. En la voyant j'ai spontanément pensé à l'œuvre de Miyazaki. Pourtant ce dessin là date des années 30 et représente un bretonne de Douarnenez.
D'où venait cette double inspiration culturelle ?
Géo-Fourrier, de son vrai nom Georges Nicolas Fourrier, n'est pourtant pas du tout breton. Il naît à Lyon en 1898, grandit à Paris. Son œuvre recense des gravures, peintures et illustrations. Il utilise une pluralité de techniques plastiques qui font l'originalité de son travail.
Il contracte à 16 ans une grave pneumonie qui l'oblige à rester allongé pendant 3 ans. Consacrant cette période au dessin et à la lecture, Géo-Fourrier découvre et se passionne pour les arts japonais.
Voilà pourquoi cette influence est nettement perceptible dans ses estampes et ses illustrations.
Cet amour pour le Japon poussera Géo-Fourrier à adopter pour signature un monogramme où ses initiales G et F entremêlées évoquent un kanji, type de caractère japonais.
Après une formation à la gravure sur bois auprès du japonais Urishibara et de Prosper-Alphone Isaac, il entre à l'École Nationale des Arts Décoratifs de Paris en 1921 et se lie d'amitié avec Mathurin Méheut, Jean-Julien Lemordant, le folkloriste Anatole Le Braz et le poète et romancier Charles Le Goffic.
C'est par ces amitiés qu'il va découvrir le pays Bigouden, dans les années 1924-1926. À partir de 1928, il s'y installe définitivement car cette terre devient son pays de cœur. Jusqu'à la fin de sa vie, en 1966, il passera la plupart de son temps entre Penmarc'h et Quimper.
À la fois graveur, dessinateur, illustrateur de livres, décorateur, photographe, ethnographe (aussi lors de séjours en Afrique) mais également céramiste, il collaborera avec les faïenceries quimpéroises dont les faïenceries Henriot de 1924 à 1950.
Géo-Fourrier a consacré une partie importante de sa vie artistique à représenter, avec un œil d'ethnologue, les autochtones et les paysages de Bretagne. C'est l'âme d'un pays qui se dégage de son œuvre.
Un des ses sujets de prédilection qui semble le fasciner : le rôle et la figure féminine dans la société bigoudène. Il y est représentée dans un grand nombre de dessins sous la forme de femmes aux traits marqués, dans un souci d'esthétique réaliste mais sensible.
Des visages empreints d'une force brute et sans fard ces femmes qu'il représente sont dans des costumes de fêtes, au travail ou inscrites dans le paysage traditionnel breton. L'artiste aimait à rappeler de son vivant, à propos du dessin : " Aller à l'essentiel, rien que l'essentiel, supprimer tout ce qui n'est pas indispensable."
Géo-Fourrier réalise énormément de cartes postales éditées par "Les Etablissements Artistiques Parisiens" qu'il vend dans la petite roulotte construite par ses soins. C'était au pied du phare d'Eckmühl.
Il décède à Quimper en 1966 en laissant derrière lui une œuvre méconnue du public. La reconnaissance de Géo-Fourrier commencera par une mise en lumière de son travail grâce à des collectionneurs qui ont œuvré pour sa reconnaissance dans les années 90. Mais notammeent avec l'exposition au Musée de Pont-Aven en 2002 et de celle de Pont L'Abbé en 2003. Et dernièrement à la bibliothèque Forney à Paris en 2022.
Une partie de ses œuvres sont actuellement conservées au Musée breton de Quimper.